Kant: AA XII, Briefwechsel 1796 , Seite 113 |
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01 | A supposer encore un peuple d'Athçes, la cupiditç flattçe, c'est | ||||||
02 | à-dire, l'intçrèt; oui, le vil intçrèt *) seroit sans contredit le mobile | ||||||
03 | politique le plus puissant, pour rçunir ensemble de tels individus | ||||||
04 | et les maintenir dans cette nouvelle espece de sociçtç. Or, un | ||||||
05 | système qui concentreroit ainsi toutes les passions dans la bassesse | ||||||
06 | de l'intçrèt personnel, pourroit-il manquer de dçtruire la Morale, et | ||||||
07 | faire autrement que produire une guerre de Tous contre Tous, de | ||||||
08 | l'individu contre la sociçtç, et de la sociçtç contre l'individu? | ||||||
09 | Tous les Lçgislateurs ont reconnu que la Religion est d'une | ||||||
10 | nçcessitç indispensable pour le maintien de la sociçtç. ils ont vu | ||||||
11 | que les Lois ne peuvent punir qu'un petit nombre de crimes; qu'il | ||||||
12 | seroit imprudent, qu'il seroit mème impossible en grande partie, de | ||||||
13 | soumettre tous les vices à leur jurisdiction; que la Lçgislation se | ||||||
14 | trouve dans l'impuissance de proposer à l'homme des motifs | ||||||
15 | suffisans pour le dçterminer à ètre constamment vertueux. ils se | ||||||
16 | sont apperçus que le pouvoir des principes religieux surpasse tout | ||||||
17 | autre pouvoir; que pour faire agrçer et respecter des lois, il faut | ||||||
18 | leur imprimer un caractere sacrç; enfin, qu'on est maître de tous | ||||||
*) Loin de pouvoir s'extirper du coeur humain, ce vice au contraire semble en quelque sorte y raviver ses racines naturelles et s'irriter par la rçsistance: [Seitenumbruch] la preuve n'en est malheureusement que trop frappante chez la plûpart de ceux qui, trop tçmçrairement, ont fait par çtat le voeu solemnel de le domter. Les autres passions sont çgalement pour nous, ce que sont les Modes essentiels pour le reste des Etres naturels: aussi ce Passage de St. Evremond est-il aussi plein de justesse que d'agrement. - "Le Monde est un rendez-vous de toutes les passions. Personne qui n'ait la sienne, qui n'en soit possçdç, et qu'il ne suive directement ou indirectement. Si-bien qu'une assemblçe de gens qu'on appelle sages, habiles, expçrimentçs, n'est qu'une assemblçe de passions rafinçes, un Peuple à la promenade est un Peuple de passions qui se divertit; les Armçes d'hommes sont des Armçes de passions, les passions se rendent visite les unes aux autres; la Cour, centre et rçduit de toutes les passions les plus fines, les plus dçliçes, les plus dangereuses; les Palais, assemblçe des passions les plus vives, les plus inexorables, et les plus sanglantes." | |||||||
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