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Kant: AA XII, Briefwechsel 1796 , Seite 116 |
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instant à devenir meilleur qu'il n'est; c'est en cela mème qu'il est |
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perfectible. mais de ce que tout homme a la facultç de tendre |
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jusqu'à un certain point au bien, suit-il de-là que chaque individu |
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ait la volontç constante de le faire? s'ensuit-il, à plus forte raison, |
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que tous les hommes ensemble puissent jamais ètre un seul jour, |
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une seule minute mème, les meilleurs possibles? non vraiment; |
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puisque le moindre choc des passions, qui sont et qui seront toujours |
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en mouvement chez les humains, celui sur-tout de l'Egoïsme |
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et de son tendre fruit le vil intçrèt, communiqueront pour |
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l'ordinaire à chaque individu une force active, plus dçcisive et plus |
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constante que sa tendance à la vertu. |
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L'Abbç de Saint-pierre et vous, Monsieur, vous avez donc |
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voyagç dans le pays des Chimeres, en vous figurant tout deux, ou |
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par pure bontç d'ame, ou pour avoir trop peu approfondi le coeur |
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humain, que la paix pouvoit un jour rçgner universellement sur la |
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terre; l'un, à cet effet ne voulant dçsarmer que les Souverains ou |
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les Nations; l'autre, tous les individus de notre Espece. *) |
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*) Le bon Abbç de S. Pierre a remaniç et maintes et maintes fois, et essay de tourner et retourner de bien des façons son Système de la paix perpçtuelle en Europe. Voici un Trait assez curieux, et peut-ètre ignorç de la plûpart de nos Philantropes, qui prouve combien la tète de cet homme fait pour vivre avec les intelligences celestes plutôt qu'avec les humains çtoit purement exaltçe. Au commencement de 1740, Fontenelle çcrivit au Cardinal de Fleury,pour lui souhaiter une heureuse annçe. il le fçlicitoit de la paix qu'il avoit faite, et de celle qu'il avoit procurçe entre les Chretiens et les Turcs; et il l'invitoit comme excellent Mçdecin des maladies des Nations, à calmer la fievre qui commençoit à se montrer en Europe entre les Espagnols et les Anglois. le Cardinal lui rçpondit sur le mème ton de plaisanterie, par une Lettre fort obligeante; et dans cette Lettre il lui disoit, en raillant, qu'il faudroit que les princes prissent quelque dose de l'elixir du projet de paix perpçtuelle de l'Europe de M. l'abbç de S. pierre, un des amis de Fontenelle. Ce dernier montra cet article à notre Abbç, qui, comprenant que peut-ètre le Cardinal auroit quelque envie de se servir de ce plan pour rendre la paix durable en Europe, si le plan çtoit praticable, lui çcrivit la Lettre suivante, en lui envoyant les cinq Articles fondamentaux pour l'çtablissement d'une diete gçnçrale des puissances de l'Europe. "je suis fort aise, Mgr., que vous m'ayez ordonnç d'appliquer mon remede universel pour guçrir la fievre de nos voisins, vous m'avez ainsi autorisç [Seitenumbruch] vous demander avec plus de raison, quel homme il y a en Europe qui puisse plus habilement que vous, faire l'application de ce remede universel. Voil pourquoi je prens la libertç, Mgr., de vous envoyer en cinq articles la composition de ce merveilleux remede, que les malades prendront volontiers de votre main, dês que vous l'aurez pris vous-mème par prçcaution, et il deviendra ainsi parfaitement à vous, puisque vous seul en pouvez faire l'application. Et tous les Etats de l'Europe vous remercieront de leur avoir ainsi indiquç un si bon remede et un si bon preservatif contre les maladies futures. je ne suis que l'Apoticaire de l'Europe' vous en ètes le Mçdecin: n'est ce pas au Mçdecin ordonner et à appliquer le remede?" Le Cardinal de Fleury fit à notre Abbç la rçponse suivante, qui çtoit çcrite de sa main. -- "vous avez oubliç' Mr, un article prçliminaire pour base aux cinq que vous me proposez, c'est de commencer, avant de les mettre en pratique, d'envoyer une troupe de Missionnaires pour y prçparer l'esprit et le coeur des princes contractans; en vous confirmant la dignitç d'Apoticaire de toute l'Europe; de prçparer des potions calmantes et adoucissantes pour tenir les humeurs liquides et les solides dans un juste çquilibre." L'abbç de S. pierre rçpondit d'abord en peu de mots à cette lettre du Cardinal: --"j'admire votre bontç, Mgr. dans les six lignes que vous m'çcrivez de votre main, et c'est cette mème bontç qui me donne la confiance d'y rçpondre. il s'agit, par rapport au Roi, de savoir si, tout bien pesç, il y a beaucoup à gagner pour lui et pour sa postçritç à signer les cinq articles fondamentaux, et de les proposer à signer à ses voisins. pour s'en convaincre, il n'a pas besoin d'autre missionnaire que vous, Mgr., et pouvez-vous jamais lui exposer de plus grands motifs que les sept principaux avantages de la signature? - quelque tems aprês notre Abbç fit une autre rçponse un peu plus ample, qui acheva de fatiguer le Cardinal, et mit fin par-là à cette dçlicieuse correspondance. |
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