Kant: AA XII, Briefwechsel 1796 , Seite 108 |
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01 | j'ai lieu de croire par la douceur et l'intçgritç de vos moeurs, | ||||||
02 | par la puretç en consçquence de vos intentions, par votre modestie, | ||||||
03 | et par tant d'autres rares qualitçs que vous joignez à la profondeur | ||||||
04 | de vos connoissances, que la proposition que j'ose vous faire est | ||||||
05 | tout-à-fait analogue à la disposition habituelle de votre belle ame, | ||||||
06 | et qu'ainsi les Observations que je vais avoir l'honneur de vous | ||||||
07 | communiquer, ne pourront en aucune sorte vous dçplaire. | ||||||
08 | Laissant à part les vçritçs de la Religion rçvçlçe, et n'examinant | ||||||
09 | la chose que par les lumieres de la raison purement aidçe d'une | ||||||
10 | Mçtaphysique abstraite, je conviens, Monsieur, que dans vos çcrits | ||||||
11 | vous faites toucher au doigt et à l'oeil, non-seulement que jusqu'ici | ||||||
12 | les Philosophes n'ont pu parvenir à dçmontrer avec cette espece de | ||||||
13 | rigueur l'existence de Dieu, mais encore qu'elle est impossible | ||||||
14 | prouver par cette Mçthode. Et comme les Dçmonstrations mçtaphysiques | ||||||
15 | sont ici l'unique genre de preuves que la majeure partie | ||||||
16 | des Philosophes veuille admettre aujourd'hui; et que dans ce nouvel | ||||||
17 | ordre de bataille, rien cette fois ne sauroit rçsister à vos armes: | ||||||
18 | O Kant! vous triomphez pleinement de vos adversaires; le champ | ||||||
19 | de bataille est à vous. | ||||||
20 | Ce n'est pourtant pas qu'il fût absurde de dire avec un Auteur | ||||||
21 | moderne,*) que la contemplation attentive du Monde est une instruction | ||||||
22 | vive et sensible, une thçologie populaire, la theologie des | ||||||
23 | sens ou tous les hommes peuvent et doivent apprendre ce qu'il est | ||||||
24 | de leur plus grand intçret de bien connoître; que c'est une agrçable | ||||||
25 | çcole où, sans recourir à ces abstractions dont peu d'hommes sont | ||||||
26 | capables, on nous instruit par les yeux, et où la vçritç s'offre à tous | ||||||
27 | ceux qui, avec des intentions droites, veulent ouvrir les yeux au | ||||||
28 | brillant spectacle que l'Univers nous prçsente; qu'enfin heureux est | ||||||
29 | l'homme qui sait tirer cet usage de la contemplation de la Nature, | ||||||
30 | et qui ne l'çtudie que dans cette vûe. | ||||||
31 | il est mème curieux d'observer avec le Docteur Keill,**) que de | ||||||
32 | toutes les Sciences que nous acquçrons par les lumieres de la Nature, | ||||||
33 | il n'en est aucune qui, mieux que l'Astronomie, nous mene | ||||||
34 | la connoissance d'un Etre souverain et tout parfait, qui nous fournisse | ||||||
*) Bertrand, dans son Essai sur l'usage des Montagnes. | |||||||
**) Prçface de son ouvrage intitulç, introductio ad veram Astronomiam. | |||||||
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