Kant: AA XII, Briefwechsel 1796 , Seite 110 |
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| 01 | mais substantiellement; car on ne peut agir ou l'on n'est pas. | ||||||
| 02 | il est tout oeil, tout oreille, tout cerveau, tout bras, tout sensation, | ||||||
| 03 | tout intelligence, et tout action: d'une façon nullement humaine, | ||||||
| 04 | encore moins corporelle, et entiçrement inconnue. car de mème | ||||||
| 05 | qu'un aveugle n'a pas d'idçe des couleurs, ainsi nous n'avons point | ||||||
| 06 | d'idçe de la maniere dont l'Etre suprème sent et connoît toutes | ||||||
| 07 | choses. il n'a point de corps ni de forme corporelle; ainsi il ne | ||||||
| 08 | peut ètre ni vu, ni touchç, ni entendu. nous avons des idçes de | ||||||
| 09 | ses attributs, mais nous n'en avons point de sa substance. Nous le | ||||||
| 10 | connoissons seulement par ses propriçtçs et ses attributs, par | ||||||
| 11 | la structure três-sage et três-excellente des choses, et par leurs | ||||||
| 12 | causes finales; nous l'admirons à cause de ses perfections; nous le | ||||||
| 13 | rçvçrons et nous l'adorons à cause de son Empire: car un Dieu sans | ||||||
| 14 | providence, sans empire, et sans causes finales, ne seroit autre chose | ||||||
| 15 | que le Destin et la Nature." | ||||||
| 16 | De mème, dans ses Mçditations sur la connoissance de | ||||||
| 17 | Dieu, Descartes met d'abord en avant, que tout homme raisonnable | ||||||
| 18 | doit se reprçsenter Dieu comme un Etre infini dans ses perfections, | ||||||
| 19 | c'est-à-dire, comme un Etre infiniment indçpendant, infiniment intelligent, | ||||||
| 20 | infiniment puissant, infiniment vrai, et par consçquent | ||||||
| 21 | aussi incapable de nous tromper que d'etre trompç, comme un | ||||||
| 22 | Etre en un mot de qui tous les ètres co-existans ont reçu toutes | ||||||
| 23 | les perfections qu'ils possedent. il regarde cette idçe de Dieu comme | ||||||
| 24 | innçe, et il en tire la dçmonstration que bien des Mçtaphysiciens | ||||||
| 25 | admettent, et qu'ils nomment la dçmonstration de Dieu par | ||||||
| 26 | l'idçe. | ||||||
| 27 | Descartes en propose nçanmoins une autre dans la suite de ses | ||||||
| 28 | Mçditations: c'est celle de la cause par l'effet. "il est impossible, | ||||||
| 29 | dit-il, qu'un ètre imparfait ait çtç lui-mème son crçateur; | ||||||
| 30 | il ne seroit pas crçç avec ses imperfections; et puisqu'il ne manque | ||||||
| 31 | pas sur la terre d'ètres de cette espece, peut-on s'empècher de reconnoître | ||||||
| 32 | un Dieu infiniment parfait de qui ils aient reçu l'existence, | ||||||
| 33 | et qui puisse à chaque instant les faire rentrer dans le nçant d'o | ||||||
| 34 | sa main toute-puissante les a tirçs?" | ||||||
| 35 | On ne sauroit mème absolument rçcuser, que, si les preuves | ||||||
| 36 | de l'existence de Dieu, fondçes sur le dessein, ou plutôt sur les | ||||||
| 37 | desseins variçs à l'infini, qui çclatent dans les plus vastes comme | ||||||
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